Dur dur d'être un bébé mais dur dur d'être une maman aussi ;) |
Mai 2020, alors que depuis des mois, on ne parle plus que de
Coronavirus, confinement et dé-confinement, phase 1, phase 2, etc. j’aurais pu
vous faire mon petit bilan de ces dernières semaines. Mais d’une part, je
sature un peu du sujet… (et puis il se passe plein d’autres choses aussi dans
la vie) et j’ai pris beaucoup de retard dans mes écrits, je pense que vous avez
pu le remarquer ! ;-)
Donc
le covid ou le confinement, on y reviendra plus tard, avec plus de recul (hein)
!
Aujourd’hui, je vais vous faire mon bilan post-partum plutôt
et vous parler de cette période que l’on appelle aussi La matrescence.
Alors
la matrescence c’est quoi ? Avant de la vivre, je n’en avais jamais
entendu parlé ni même jamais vu dans le dico (bien que je ne l’ouvre plus
beaucoup), pas de définiton dans le Larousse.
J’ai trouvé cette définition sur le
net : « La
matrescence est le terme qui définit le processus physique, psychique,
émotionnel et social que vivent les femmes lorsqu’elles deviennent mère. Il est
la contraction des termes « maternité » et « adolescence ». Sa pleine définition
dans les détails dépendra de chaque mère, et évoluera pour chacune de ses
grossesses et maternité. C’est Dana Raphael (1926-2016), anthropologue
américaine, qui a inventé ce terme en 1973. Il relate la série de changements spectaculaires sur
l’état physique de la nouvelle mère, son état émotionnel, ses relations aux
autres et même dans son identité de femme. » (cf https://www.pro-parentageproximal.com/dictionnaire/matrescence/)
Pour moi la matrescence,
c’est bien plus fort et ça va bien plus loin que le post-partum souvent réduit
à quelques jours après l’accouchement. La matrescence c’est le passage de
l’état de femme à celui de maman, c’est le moment où on apprend à être une mère
(pour ça il n’y a pas de bouquin) et c’est comparable (et tout aussi violent) à
l’adolescence, ce moment charnière entre l’enfant à l’adulte. On parle beaucoup
de « quatrième trimestre » de la grossesse car l’Homme a toujours
besoin de tout délimiter surtout question timing ! Mais je peux vous dire qu’aujourd’hui
ma fille à 5 mois et demi et je suis toujours dans la matrescence :
j’essaye, je me trompe, je réussis, je suis épuisée, je suis euphorique, je
suis désespérée, je me pose des questions, je suis heureuse, je suis
malheureuse, j’ai besoin d’être rassurée, je suis sûre de moi et puis je doute…
bref même si c’est de moins en moins difficile au quotidien, j’apprends encore
et cela chaque jour, et je pense que c’est loin d’être terminé !
Revenons-en à l’arrivée de ma poupette car lorsqu'on s’est quitté, elle était encore dans mon ventre…
Début décembre 2019, elle
débarque dans ma vie (déjà pas simple) et chamboule tout à nouveau !
C’est
avant tout le bonheur, que cette petite chose tant attendu durant des mois
arrive enfin mais, pas seulement. C’est très vite très compliqué et difficile.
Physiquement et moralement.
Il
faut dire que ma fin de grossesse n’a pas été facile (deuil et séparation) et
cela ne m’a pas aidé à être dans les meilleures conditions pour la venue au
monde de mon enfant. Malheureusement ainsi va la vie et elle est rarement
facile. Très seule durant cette période, j’ai eu la chance d’être accompagnée par
une super équipe à la maternité. J’étais très stressée et je me suis sentie
coupable à l’idée de transmettre mes angoisses à mon bébé, car on n’a cessé de
me répéter « ce sont de véritables éponges… », tout le temps de ma
grossesse.
Très honnêtement je pense autant pour moi que
pour toutes les mamans les premiers temps de la maternité sont très
difficiles ! (Pour les papas, je ne sais pas)
J’ai
passé toute ma grossesse à entendre que donner la vie est la plus belle des
choses, qu’il faut profiter des premiers moments car ils passent bien trop
vite, et que ce n’est QUE du BONHEUR…
… et bien non, ce n’est pas QUE du bonheur et parfois ces
moments qui après coup « sont passés trop vites » peuvent paraitre
bien trop longs au moment où vous les vivez. Parce que j’ai passé quand même
beaucoup, beaucoup de temps à pleurer, à douter, à ne pas me sentir à la
hauteur, à chercher partout ce qu’on appelle l’instinct maternel, à avoir peur…
(et ça m’arrive encore). Alors oui, l’humain est bien fait et plus le temps
passe plus il oublie, l’accouchement, les prémices de la maternité, les
douleurs, les peurs, etc. et c’est tant mieux. Mais sincèrement, je n’y étais
tellement pas préparée que le choc a été violent.
Je
me suis sentie complètement perdue… désemparée et surtout complètement seule.
Et puis quand tout le monde vous répète que c’est beau, merveilleux, etc. Alors on culpabilise d’être dans cet état. Et
puis comment se plaindre de quelque chose qu’on a tellement voulu ?
Il
est certain que les hormones y sont pour beaucoup mais ça n’en fait pas quelque
chose de moins difficile à vivre ou plus facile à accepter (elles ont bons dos
pour tous les hormones chez la femme). Ce que je trouve terrible, c’est le
tabou qu’il y a autour de cette période, tout comme celui de la grossesse ou de
l’accouchement ; Et non ce n’est pas toujours tout beau tout rose et
surtout ça se passe très différemment selon les femmes. Après un accouchement on
est sur les rotules et il faut pourtant consacrer tout son temps et tout son
être à ce petit bout de soi qui pour le moment ne vous donne que quelques
sourires d’anges et des brimes d’échanges. Et je n’imagine même pas après une
césarienne…
Alors
oui, ce n’est pas le cancer, ce n’est pas la chimio, on fait un enfant par
choix mais on a le droit de dire que c’est difficile, et il n’y a pas de
comparaison à faire. Je n’ai pas eu une grossesse difficile et surtout sans
complications, mais j’ai passé 7 mois sur 9 à vomir. Oui, mon accouchement
s’est bien passé, j’ai été entourée par une équipe soignante au top et
bienveillante vu les circonstances particulières. Pas de complications non plus
mais le travail a duré 20h, mes contractions étaient très douloureuses au point
de tomber dans les pommes et pourtant je ne suis pas douillette (vive la
péridurale tant attendue durant 7h) et ils ont sorti le bébé avec la ventouse,
c’est une pression très violente pour le bébé et pour le corps. Post accouchement il faut se remettre de tout
ça… Alors oui je peux affirmer que tout s’est bien passé pour moi mais c’est un
épuisement terrible du corps, des saignements hémorragiques durant des
semaines, des douleurs même sans déchirures ou épisiotomie. Le corps s’est
déformé durant 9 mois et puis a dû expulser un bébé de plusieurs kilos… C’est
éprouvant ! L’accouchement est souvent comparé à un marathon… Comment
faire une bonne convalescence sans pouvoir se reposer (car le sommeil, on
oublie), tout en apprenant à devenir maman. Il faut s’occuper de son bébé mais
ni le corps ni la tête ne suivent le pas… alors imaginez en plus quand le
cancer est passé par là et a déjà fait pas mal de dégâts…
Sans allaiter j’ai vite perdu mes kilos de grossesse… j’ai
vite retrouvé la tonicité de mon périnée avec la rééducation et la reprise du
sport mais aujourd’hui à bientôt six mois post accouchement, je peux vous dire
que mon corps s’en remet à peine et ma tête n’en parlons pas…
On
sait que ce n’est qu’une phase, qu’on s’en remettra mais il faut le prendre en
considération, en être conscient lorsque l’on décide de concevoir un enfant
afin de s’y préparer et pouvoir le vivre le mieux possible. Il est important de
se faire accompagner dans toutes ces étapes.
C’est
ce qui a été terrible pour moi, ne pas être préparée à cela. Ma sage-femme m’en
avait parlé mais je n’ai sans doute pas voulu entendre, et puis j’étais
préoccuper par tellement d’autres choses.
Du
coup je me suis sentie trahie par la société qui pour moi minimise complètement
la violence psychologique de cette période. J’ai énormément culpabilisé de ne
pas être la maman heureuse et épanouie qu’on est censée être et du coup il n’est
pas facile d’en parler. J’ai fini par échanger avec mes amies, faire des recherches
sur la matrescence… j’ai fini par comprendre. Elles avaient ressenti la même
chose que moi comme finalement la plupart des femmes, et ça m’a beaucoup aidé.
Je n’étais pas en dépression post-partum comme il est si facile de coller cette
étiquette sur les femmes. Je devenais seulement maman pour la première fois...
Aujourd’hui
je vais beaucoup mieux, je suis moins perdue, moins fatiguée, de plus en plus
heureuse d’être maman. Chaque jour j’aime ma fille encore un peu plus que la
veille et j’apprends à la connaitre. Je sais la chance que j’ai d’avoir cette
petite puce dans ma vie, cet amour inconditionnel mais oui c’est difficile de
devenir une maman. Il n’y a là-dedans rien d’inné, cela s’apprend chaque jour,
et on est seule face à son propre enfant. Il faut composer, s’adapter chaque
jour, sortir de sa zone de confort, repousser ses propres limites… prendre sur
soi car on ne peut pas faire de « pause » quand on le souhaite et
surtout accepter que jusqu’à la fin de sa vie on se fera du souci pour lui, à
en avoir mal au ventre. Avoir un bébé change la vie pour le meilleur et pour le
pire.
A ma Giulia que j'aime tendrement <3
Toujours cette même plume acérée et ce regard lucide sur la vraie vie !! Je te souhaite une belle vie de maman et j'envoie mille bisous tendres à Giulia
RépondreSupprimerMerci beaucoup Joëlle. On vous embrasse également.
SupprimerOh la la comme je te comprends ma Lisa!!! Mon p'tit gars que j'aime de tout mon coeur est le meilleur contraceptif du monde!!! Heureusement qu'on écoute que ce qu'on veut quand on veut un bébé 😉 plein de bisous à vous deux ❤
RépondreSupprimerOui et heureusement qu'on oublie petit à petit ;)
SupprimerJ'espère que vous allez bien tous les trois. On vous embrasse
Toutes les femmes passent par ces phases Lisa, ne t'inquiète pas. Je me suis posée les mêmes questions. Les pleures, les colères et heureusement les joies. Le rôle de maman est très difficiles. Mais ont a prends tout les jours.soit toi même et tu verras que ça ira. Bacione a voi due 😉💋❤️❤️
RépondreSupprimerJe sais bien mais il est important d'en parler.
RépondreSupprimerDes bisous